TÉLÉCHARGER LA NOTE DE POSITION
Edito - Philippe MISSOFFE
Délégué Général GICAN
Avec plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 51 000 emplois, l’industrie navale est un secteur dynamique, en croissance, porteur de souveraineté, mais qui fait face à de nombreux nouveaux défis : compétitivité (notamment face à la concurrence déloyale), internationalisation, transition écoénergétique, innovation…
Ces tournants majeurs pour la pérennité de l’industrie ne peuvent être pris qu’en ayant une politique de l’emploi et de la formation professionnelle entreprenante.
En effet, le savoir-faire français, reconnu à travers le monde, réside dans la qualité de la formation des futurs ouvriers, techniciens et ingénieurs. Or, les métiers du naval souffrent du pire des maux : celui du manque d’attractivité.
L’attrait pour devenir technicien supérieur ou ouvrier hautement qualifié est faible, alors que les salaires sont supérieurs à ce que les individus peuvent obtenir dans les métiers du tertiaire. Les perspectives d’évolution sont pourtant nombreuses et la promotion sociale importante.
Encore faut-il que les formations puissent répondre aux besoins des entreprises pour insérer rapidement dans la vie active les élèves des différentes formations. Le nombre et la qualité des formations dispensées pêchent également. Selon une étude menée récemment par l’Observatoire paritaire de la Métallurgie, sur trois des 30 métiers en tension dans l’industrie, les centres de formation actuels répondent seulement à 50% des besoins de toute l’industrie.
C’est pourquoi le GICAN et les composantes du Comité Stratégique de Filière des Industriels de la Mer (CSF IM), en partenariat avec 5 régions littorales, ont créé en 2018 le CINAV – le campus des industries de la mer.
Ce dernier assure plusieurs missions, dont celle de favoriser l’attractivité de notre secteur, avec le Navire des métiers, ou encore de créer des modules de maritimisation destinés aux écoles et aux entreprises, ou de développer des cursus avec les écoles professionnelles pour que les formations correspondent mieux aux besoins des entreprises.
Les centres de formation qui implémentent ces modules avec le soutien du CINAV sont alors labellisés, donnant aux employeurs un gage de qualité pour recruter rapidement les élèves, améliorant grandement les taux d’insertion des jeunes, notamment venant des lycées professionnels.
Avec plus de 30 métiers en tension dans l’industrie navale, pour la plupart partagés avec d’autres secteurs de l’industrie eux-mêmes en forte tension, le naval doit donc réussir à tirer son épingle du jeu. Cela pose la question de la formation professionnelle et de son adaptation aux besoins des industriels, mais aussi celle du travail détaché et de l’immigration qualifiée, qui est aujourd’hui un impératif pour conserver les capacités de production en France.
Plusieurs projets de lois, en prenant des dispositions énergiques et ciblées, peuvent aujourd’hui permettre de changer la donne pour l’industrie navale, et plus généralement pour l’industrie française.